[Agence 13-2] Ceux d'en bas by Serge Brussolo

[Agence 13-2] Ceux d'en bas by Serge Brussolo

Auteur:Serge Brussolo
La langue: fra
Format: mobi
Tags: Non lu, Policier
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2010-08-12T19:31:42+00:00


15

J’ai emménagé le soir même, en prenant soin de dissimuler la Jeep dans un bosquet. Sue avait préparé un pain de viande copieusement assaisonné de Tabasco. Elle avait également enfilé une robe propre, à fleurettes, et s’était coiffée. Nous avons dîné sous l’œil circonspect de Billy Bob. Sue m’a questionnée sur ma vie à L.A., les stars du show-biz que j’étais censée fréquenter, Rodeo drive, Bel-Air, les boutiques où il faut prendre rendez-vous trois mois à l’avance pour acheter une paire d’escarpins, ce genre de choses… Le gosse est resté silencieux, maussade, indisposé par ces bavardages de nanas. Une fois qu’il est parti se coucher, le ton a changé. Sue a sorti une bouteille de gin et a commencé à me raconter sa vie avec cette facilité déconcertante qu’ont les Américains pour déballer leur intimité devant un inconnu. Elle s’était mariée trop jeune, alléchée par la vie itinérante que semblait mener Ross, ancien Navy SEALs et aventurier. À la fac, elle avait été cheerleader et s’en était donné à cœur joie avec les garçons. Elle avait toujours aimé le sexe, répétait-elle volontiers, et rien ne l’excitait davantage que de se mettre au lit avec un inconnu.

— Ma mère était déjà comme ça, m’a-t-elle confié. Avec un type qu’on ne connaît pas on peut se laisser totalement aller. On n’a pas honte puisqu’on sait qu’on ne le reverra jamais. On ose des trucs dingues.

Quand je lui ai avoué que j’avais fait de la prison, elle a été emballée, et la soirée a viré à la discussion de copines. Elle me plaisait assez, je dois dire, et je n’ai pourtant pas la camaraderie facile.

Une sorte de lien s’est brusquement tissé entre nous, et, à la façon dont Sue a commencé à prononcer le you traditionnel j’ai compris qu’elle était passée à l’équivalent du tutoiement chez les Anglo-Saxons.

Quand nous avons gagné nos chambres respectives, nous étions pompettes. J’ai bien dormi. J’en avais besoin. Bizarrement, je me sentais en sécurité dans ce bungalow délabré qui empestait le graillon, la moisissure et le parfum bon marché. Sue Rolden était le genre de fille décalée qui me convenait. Elle était l’image même de ce que j’aurais pu devenir.



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